Traiter un malade et non une maladie
Le traitement du stress semble devoir faire partie du traitement complet de la maladie. C’est souligner le fait que les patients sont très attentifs et sensibles au souci et au soin que met le médecin à les informer le mieux possible (10). Les médecins généralistes semblent avoir plus de facilités à parler de stress aux personnes qu’ils soignent. Ils en sont proches. Ils voient quotidiennement des affections si souvent attribuées à une agression extérieure et qui, du fait de leur bénignité, ne sont pas observées à l’hôpital. Les patients atteints de ces affections courantes sont les plus prompts à parler de leur stress comme circonstance favorisante de leur infection. Ils ont « pris froid », ils ont « dormi à l’ombre d’un noyer », « en sueurs ils ont bu frais », tous signes qui peuvent d’ailleurs tout aussi bien être regardés comme symptomes prémonitoires de l’infection, à tel point qu’un auteur, allant à l’necontre des idées reçues, accuse l’herpès d’être responsable du stress auquel généralement on l’attribue.
Si l’on prenait la peine de noter dans nos observations cliniques tout autant que les classiques facteurs de risque comme l’éthylisme, une cirrhose, le tabac, etc, la présence de facteurs environnementaux stressant comme divorce, surmenage, choc émotionnel, soucis professionnels, d’argent ou d’affections, nous serions sans doute tenter de rechercher le rôle qu’ils pourraient avoir dans la genèse des maladies infectieuses. Nous ne le faisons pas, par pudeur, crainte de déplaire ou autre interdit moral médical bien français et nous assistons parfois critiques, toujours impuissants à l’engouement que l’on remarque pour les médecines palliatives : acupuncture, allergologie, homéopathie. On sait que ce recours des gens exprime le témoignage de leur « détresse » (16). Ces médecines probablement influentes sur le « stress » savent heureusement et pertinemment soulager bons nombres d’ennuis de santé et d’infections banales.
En présence d’une maladie infectieuse, il s’agit de réagir vite et de se soucier secondairement de faire des anticorps en vue d’une nouvelle agression lointaine à venir. En matière de défense, il faut se battre quand il en est encore temps. Or, on nous regarde. Le journal le Monde n’écrivait-il pas récemment (mai 99) sur quatre colonnes, « l’irrésistible influence du stress sur l’apparition des maladies ». Nous avons à en tenir compte. Les exemples précédents nous montrent combien nous devrions être plus perspicaces.
Maxime ARMANGAUD